Légende pour la photo : "Combrée ne doit pas rester dans l'ombre."
Michel Martinot me demande aujourd’hui de répondre à Emmanuelle Pelé du cours 1987 qui lui écrit :
« Je me permets de vous transmettre en pièce jointe mes nouvelles coordonnées. Je ne sais pas qui joindre pour avoir des informations concernant l'adhésion et surtout les avantages de cette adhésion. Pour être plus claire je recherche des photos de classe des 6ème de mon époque et de 5ème. C'est pour moi très important étant une grande nostalgique de mon passé et surtout de mes années passées au collège de Combrée. Merci de bien vouloir me répondre. »
C’est l’occasion pour moi de vous donner mes sentiments autour de la question
Pourquoi adhérer à l’Amical des Anciens élèves de Combrée en 2008 ?
Cette question se pose plus particulièrement aux « jeunes anciens » des cours des années 80, 90 et 2000. Et donc à toi aussi.
La réponse ou plutôt les réponses sont multiples, car la motivation relève de l’intimité de chacun :
- L’enfance puis l’adolescence vécue collectivement en internat (ou pas) laisse des traces plus profondes que ce que l’on imagine au premier abord
- Cet inventaire des bons moments et de ceux qui laissent parfois des cicatrices, c’est toujours très tardivement que l’on ressent le besoin de le faire. Il faut souvent laisser une génération entière et se retrouver à élever (et donc éduquer) ses propres enfants pour ressentir ce besoin de « relecture de soi ».
Si je laisse de côté l’enseignement reçu (de qualité ici comme ailleurs), par contre on n’imagine pas, au premier abord, à quel point nous sommes en possession d’un relationnel présent et à venir exceptionnel.
C’est un patrimoine social et culturel qui nous appartient à la fois collectivement et tout à fait personnellement. Libre à nous comme pour tout patrimoine de le faire fructifier ou non.
En tout les cas, nous sommes ainsi plus riches d’une valeur essentielle à savoir, l’amitié.
J’ai quitté Combrée il y a trente six ans. Tu peux me croire, c’était hier. Au début, on est content d’oublier tout ça…les profs, les copains, les cloîtres et tout ce qui va avec… La vie s’accélère, avec les études à entreprendre, l’apprentissage au travail, le travail lui-même, le fait de tomber amoureux, de fonder une famille, de se découvrir une belle-mère ou un beau père… et tout ce qui va avec…
Et puis plus les années passent - plus la vie nous prend et parfois nous bouscule - plus nous nous devons d’assumer notre statut d’adulte responsable : qui se lève tôt le matin - pour se noyer dans les transports quotidien – pour se faire engueuler par son patron – le stresse - pour payer l’URSSAF lorsque l’on a choisi le métier de chef d’entreprise - pour assister à la naissance du petit premier, puis du deuxième et du troisième … Oui, la vie nous prend, un peu plus chaque jour qui passe.
Et puis, lorsque les hasards de cette vie nous font rencontrer un(e) autre ancien(ne) Combréen(ne), alors là, croit moi, d’un seul coup le temps s’arrête. Le tutoiement redevient naturel, les conventions sociales s’effacent, l’habit ne fait plus le moine. Seul le regard de l’autre compte (même avec l’âge, les yeux ne changent pas) et d’un seul coup une bouffé de sérénité nous envahie réciproquement.
Pourquoi cette sérénité ? Et bien tout simplement parce que cette rencontre rare, parfois unique dans une vie, nous renvoie d’un seul coup d’un seul à l’essentiel :
Au fond, qu’est ce que je fais de ma vie d’adulte ?
Ai-je trahis ma révolte d’adolescent(e) ?
Est ce que je ne suis pas devenu le standard du « vieux c… » ?
La rencontre spontanée ou organisée avec un ou des anciens Combréens vaut bien une séance chez le psy ! C’est un retour sur image instantané.
A ce moment précis, on prend réellement conscience que l’on garde de Combrée, avant l’enseignement, avant les diplômes, avant ce diplôme qu’est le bac sur lequel nous nous sommes acharnés et parfois révoltés (en ce qui ma concerne) oui, avant tout cela, l’on garde de Combrée tout à fait autre chose.
Cet « autre chose » participe à l’essentiel de ce qui nous construit pleinement en tant que femme ou homme. Des valeurs auxquelles nous croyons, des valeurs que nous choisissons de transmettre à nos enfants aujourd’hui.
Des valeurs que l’on redécouvre comme une piqûre de rappel (mais qui ne fait pas mal, bien au contraire) chaque fois qu’un(e) ancien(ne) de Combrée rencontre un autre ancien(ne) de Combrée.
J’ai un certain plaisir lors de ses rencontres furtives ou programmées à demander : « Je suis du cours 72 et toi ? ». Tu t’apercevras alors, à cette occasion privilégiée, que la barrière des générations n’existe pas, que les barrières sociales non plus…
Et cela depuis 1810, ce qui fait tout de même 10 générations !
Seulement du respect, de la considération, de l’amitié et de la pudeur… peut-être aussi un peu de sagesse.
J’aime aussi à rappeler, que le plus souvent on n’a pas choisi d’être élève à Combrée par contre on choisi de devenir ancien(ne) Combréen(ne).
La fermeture du collège en juin 2005 ne bloque en rien le potentiel de relationnel que je décris plus haut pour les quelques 8 500 anciens élèves vivants aujourd’hui.
L’ouverture d’un Centre « Deuxième chance » de l’EPIDe, dans les murs du collège est une occasion à saisir pour notre Amicale. Je me suis déjà exprimé la dessus dans notre « Lettre de Liaison » et sur mon Blog, et je compte bien le faire encore.
En attendant, la célébration du BICENTENAIRE le 14 mai 2010 est une magnifique occasion d’ouvrir un nouveau chapitre de cette belle histoire Combréenne.
Patrick Tesson (Cours 72)